Explosions à l'usine à gaz d'Alger et à Radio Alger
rideau
bombe artisanale du FLN
Guesmia, un vernisseur de Bab-el-Oued, qui a fabriqué plusieurs bombes artisanales, Kaci Moktar et leurs hommes sautent du camion. Leur mission ? Faire sauter l'usine à gaz d'Alger. C'est la plus périlleuse car les bombes artisanales n'ont aucun système d'allumage à retardement. Une mèche, l'explosif et c'est tout.
Les hommes entrent par une scierie voisine, puis s'attaquent au mur d'enceinte. Kaci porte les bombes avec mille précautions. Ce ne sont en réalité que de gros pétards. Des boîtes d'huile de voiture remplies de poudre noire et de grenaille, et une mèche qui sort comiquement du chapeau du cylindre. Une bombe moins perfectionnée que celles des révolutionnaires sud-américains de la fin du XIXe siècle ! Les hommes du ler novembre sont encore de petits amateurs.
On entend un chien aboyer au loin. Pas de veilleurs de nuit. Juste une lumière qui brille sur la façade de la maison du gardien près de l'entrée principale.
Kaci gravit une dizaine d'échelons et pose les quatre cylindres grossiers sur un rebord de la tôle et allume une cigarette. Un geste dans l'ombre, trois fois renouvelé. Et les quatre cordeaux Bickford grésillent doucement. Comme un fou, Kaci saute à terre. Suivi de son complice, il se précipite vers le mur d'enceinte. La peur leur donne des ailes. Si l'immense cuve de gaz explose avant qu'ils aient pu prendre du champ, leur compte est bon. Dans la rue, El-Hedjin a lancé le moteur du camion et démarre; les hommes bondissent en voltige sur la plate-forme.
A l'avant du véhicule qui prend de la vitesse Kaci Abderrahmane attend avec angoisse. Le gros Hotchkiss enfile la rue Sadi-Carnot à toute allure. Les quatre explosions ont peine à couvrir le bruit du moteur. Ridicules. A l'arrière, Sekat écarte la bâche. Nulle flamme, nul incendie. Pas la plus petite lueur orangée. Le ciel reste d'un bleu sombre désespérant. La tôle de la citerne a résisté aux bombes des terroristes du groupe Kaci !
rue michelet à alger pendant la toussaint rouge
Merzougui, un grand garçon au visage curieusement tavelé, vient de quitter la foule qui sort des cinémas de la rue Michelet et descend la rue Hoche, calme et provinciale. A la main il porte un couffin arabe dans lequel se trouvent deux bombes explosives, une incendiaire et un bidon d'essence. A quelques pas derrière lui, Adim Mohamed suit en couverture. A une dizaine de mètres de la placette qui coupe la rue Hoche en deux tronçons, une Simca stationne tous feux éteints. Son propriétaire, Chaal Abdelakder, que chacun appelle Flora, est au volant. Près de lui Toudjine Abderrahmane. Les deux promeneurs s'engouffrent à l'arrière. La voiture reste immobile.
L'objectif du commando Merzougui est le petit hôtel particulier de Radio-Alger, situé dans le bas de la rue Hoche. Le faire sauter va présenter de grands risques car il se situe en plein quartier résidentiel européen. La rue Michelet — les Champs-Élysées d'Alger — est à moins de trois cents mètres. Avec ses cafés ouverts tard la nuit... et ses flics!
Une heure moins cinq. Merzougui se dirige vers l'immeuble de la Radio. Flora ferme la marche la main sur la crosse de son pistolet. Sur l'autre trottoir, le groupe de protection s'est à son tour mis en route. Les huit hommes se retrouvent devant la grille de la Radio. Merzougui tente de l'ouvrir. Elle est verrouillée. En outre, au premier étage, deux fenêtres sont encore éclairées. Le chef du groupe comprend qu'il est vain de vouloir entrer dans l'immeuble sans donner l'alerte.
Tandis que les quatre hommes s'éloignent, Merzougui fait signe à ses compagnons de poser les bombes sur le rebord des fenêtres du rez-de-chaussée.
Il coince la bombe incendiaire contre la rambarde de la première fenêtre et y ajoute le bidon d'essence. Toudjine en fait autant pour la deuxième fenêtre. Flora pose sa bombe explosive sur le pas de la porte. Les allumettes craquent. Merzougui, Toudjine et Adim filent en courant. Flora, affolé, s'y reprend à deux fois pour allumer la mèche.
Lorsque les explosions réveillent le centre d'Alger, les quatre hommes, qui se sont séparés, déambulent dans la rue Michelet. Promeneurs insignifiants. Seule la bombe de Merzougui a éclaté, enflammant le bidon d'essence et faisant quelques dégâts sans gravité. Les deux autres ont fait long feu !
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